anne laval

Ma démarche artistique provient des matières que je rencontre que j’apprivoise et que j’adopte. Elles prennent alors place dans l’atelier. Il devient leur gîte. Je vis dès lors avec des nids de matières premières.
Laine d’acier, porcelaine, verre… De leur origine minérale, ces matières se développent de manière organique. Intuitivement, je dialogue avec leur fragilité. Je cherche leur ADN formel. Alors je donne à chacune de ces matières une formule structurelle et un rôle symbolique.
La laine d’acier devient panorama de poussière, la porcelaine devient le « fantôme de l’enfance », le verre devient « souffle reliquaire ». Après recherches et essais, je tente de donner vie au minéral inerte en cheminant vers l’oeuvre.
Il en résulte des volumes suspendus comme autant d’abstractions naturalistes que le moindre courant d’air vient réanimer.
Les liens entre la matière, le végétal, l’animal, le minéral et l’humain sont au cœur de ma recherche.
C’est pour cela que depuis plusieurs années, par le volume et aussi le dessin, je travaille sur le thème du paysage et de la nature. Le Paysage nous renvoie à notre présence au monde.

Née en 1975, diplômée de l’Ecole Duperré puis créatrice de costumes pendant plusieurs années, elle a décidé à trente ans de développer un travail de plasticienne, réunissant ses savoirs au service d’un choix : celui de s’exprimer principalement à travers la sculpture. Depuis lors, elle expérimente et développe un travail de sculpture, dessin, gravure et vidéo, ses créations formant une démarche plastique cohérente.

L’artiste a un mode opératoire original : elle accumule en effet les matières, point de départ de ses réflexions, cachées dans des tiroirs, même pendant des années !, pour ensuite les redécouvrir, les travailler en des formes évocatrices qu’elles lui inspirent.
Elle peut ainsi associer différentes matières, s’appuyant sur le dessin, et faisant des va-et vient entre matière et dessin.
Ainsi, l’encre sur la laine d’acier de ses Paysages de poussière est travaillée comme un fusain ou au contraire comme un crayon 4H très sec, selon les effets qu’elle souhaite donner à sa matière première.
Le fil (laine d’acier, cheveux, corde à piano, etc.) est devenu le fil conducteur de ses recherches et de ses créations, associés à d’autres matières comme la terre, le plâtre ou la porcelaine (Paysage fossile), l’encre, le cuivre, ses sculptures créant des paysages, comme si elle les avait dessinés dans l’espace (Paysage de poussière).

L’impression qui s’en dégage est celle d’une infinie légèreté, de la poésie d’un paysage éternel, l’essence même du paysage qui a construit la peinture et le dessin depuis la Renaissance. Les sculptures Du bout des doigts évoquent quant à elles des formes organiques comme sorties de l’observation au microscope.
Les œuvres d’Anne Laval ne sont pas des créations éphémères mais construites pour durer, vibrer avec leur environnement.

Nathalie Béreau – galeriste nomade -commissaire d’exposition