ÉCLATS Exposition MARIE-NOËLLE DEVERRE

Exposition personnelle à l’Espace atelier 17 à l’invitation de Véronique Sablery.

C’est avec éclat que Marie-Noëlle Deverre présente ses « sculptures textiles », ponctuant la
surface blanche de l’espace d’exposition de fragments colorés aux formes étrangement
organiques.
Éclats est aussi le titre de son installation posée au sol sur des miroirs reflétant des assemblages
de tissus et de bois. Au mur, Daphné sur Mars explose en une multitude de formes aux couleurs
acidulées et aux contours souples comme les morceaux d’un corps disloqué qui se libère de
son enveloppe.
Nul drame dans ce qui se joue sous nos yeux, plutôt un jeu de désassemblage où chaque
élément, petit coussin composé de tissu et de ouate, vient douillettement se poser, comme en
apesanteur, à la verticale du mur.
Il y a du tactile et de la gourmandise dans le bombé des formes et la variété de leurs teintes
évoquant certaines confiseries de notre enfance. Mais qu’on ne s’y trompe pas les sculptures
textiles de Marie-Noëlle Deverre ne se touchent que du regard. Elles nous provoquent mais
gardent la distance, celle qui est nécessaire pour y voir autre chose que leurs formes offertes.
Quelque chose qui nous échappe sans doute comme Daphné échappe à sa forme initiale pour
se muer en laurier aux branchages feuillus qui se déploient vers le ciel.
Les branchages et les végétaux sont également présents dans une série de travaux sur papier
intitulée Réjouissances jardinières inspirée des motifs d’une toile de Jouy présente dans une
maison où a vécu l’artiste. Réjouissance, le mot est lâché. Il résume bien l’ensemble des
créations de Marie-Noëlle Deverre qui au prétexte de formes ludiques confectionnées dans des
matériaux simples du quotidien nous parle du désir et de chair. Les titres qu’elle attribue à ses
œuvres le disent dans leur ambiguïté, mélange de candeur, d’ironie et d’érotisme à peine
dissimulé.
Ses dernières réalisations en témoignent, faites à partir de bois tourné aux formes cylindriques
desquels s’échappent des bribes de textiles aux couleurs chaudes et suaves.
Daphné la nymphe et Mars le combattant voilà un mélange détonnant qui ne manque pas
d’Éclats où le désir sans doute est à l’œuvre comme dans ces Réjouissances jardinières que
Marie-Noelle Deverre aime à nous conter mêlant la mythologie au quotidien et le rebut au
précieux. Elle transforme ainsi de modestes morceaux de tissu ou de bois en objets rares et
singuliers qui font voler l’imaginaire en éclats abolissant ainsi les frontières du réel et du
merveilleux.

Texte de Véronique Sablery, juin 2024

Avec la participation de Matthieu Deverre pour le bois tourné et d’Aurélio Ayala pour la sérigraphie artisanale sur textile.