Du 12/02/2024 au 19/04/2024
Laura Sánchez Filomeno est une artiste pluridisciplinaire, qui utilise principalement des cheveux comme matériau de base, en prenant la nature comme source d’inspiration. Dans son œuvre, différents concepts se mêlent, comme un tissage, explorant des questionnements liés de manière paradoxale : l’attirance et la répulsion, le sublime et l’obscène, le sacré et le profane. A la manière d’Alice, le personnage de Lewis Caroll, Laura Sánchez Filomeno nous aide à voir de l’autre côté du miroir et à faire face aux contradictions qui existent dans notre appréhension de certaines œuvres, attirant l’œil autant qu’elles dérangent.
Son travail, composé de cheveux brodés, de loupes, d’éléments en inox, de coquillages ainsi que de feuilles d’argent et d’or, mélange matériaux organiques et minéraux, détournés de leur fonction d’origine, donnant l’illusion de nouvelles espèces. Le système de la loupe, emprunté aux laboratoires scientifiques, permet d’appréhender les broderies d’une autre manière et de changer notre perception.
L’artiste trouve en partie son inspiration dans le champ des sciences : la biologie, la botanique ou la géographie, ses œuvres rappelant parfois des lichens, des plantes ou des cartes imaginaires. Elle s’intéresse aussi aux collections et aux principes de classification des espèces, aux encyclopédies anciennes, aux gravures et planches d’illustrations naturalistes, aux herbiers et aux livres de biologie moléculaire. La Taxinomie est en effet la science de la classification. En 1728, Carl von Linné conçoit une classification des plantes et référence son travail dans Hortus Uplandicus. Il est à la botanique ce que Darwin est aux sciences naturelles avec L’Origine des espèces en 1859, et influencera grandement le travail de Laura Sánchez Filomeno.
Le cheveu, utilisé comme matériau, teint et ici utilisé comme fil à broder, n’est pas un matériau anodin. Le dompter et l’apprêter, le tisser ou le contraindre revient à dompter la part animale de l’humain. L’histoire des cheveux est éminemment politique, symbolique et chargée de sens, au-delà des modes capillaires.
Les Cabinets de curiosités sont également des sources d’idées créatives à exploiter pour l’artiste. Dans ces lieux protégés des regards, intimes, ouverts seulement aux initiés, les collectionneurs exposaient pour leurs invités naturalias et artificialias, à la croisée du monde naturel et artificiel, des sciences et des arts. Ainsi, les œuvres de Laura Sánchez Filomeno sont imprégnées de tous ces concepts, offrant au regard un savant mélange entre des matériaux issus du corps humain et son savoir-faire de brodeuse dans l’artefact qu’elle propose au public d’observer à la loupe, comme une nouvelle espèce hybride, étrange et fascinante.
du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h, le jeudi jusqu’à 19h.
15 rue Gallieni, 94230, Cachan
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