Dimensions : 31x43cm
2005-2006 – série de 12 diptyques (31 X 43 cm X 2)
Technique mixte : crochet, broderie, photo – Matériaux : laine, fil à broder, tarlatane, photo
Ce projet se compose d’une série de 24 pièces de format identique (31cm x 43cm), soit 12 tirages de « scans » de fragments de corps humains auxquels répondent 12 pièces en textile toutes singulières mais réalisées selon le même processus.
A l’intérieur de cette série globale, on distingue 6 « sous-séries » constituées chacune de 2 couples de travaux : une partie de corps masculin fait écho à la même partie du corps de l’artiste. Ces « scans » sont disposés en regard de leur pendant de textile : une surface crochetée dans une gamme de couleurs particulière à chaque pièce, sur laquelle est fixée une bande de tarlatane portant un message brodé avec un fil chatoyant.
Les messages inscrits sur la tarlatane ne sont autres que de petits mots doux issus du langage amoureux. Ils sont énoncés du point de vue de l’artiste qui devient alors actrice des situations évoquées : mon petit coeur, mon trésor… ton amoureuse, ta fée, …
Afin de faire ses « scans », Lili Bel a fait appel à différents protagonistes. Pour chacun d’entre eux, elle a choisi une partie du corps différente : épaules, torse, fesses…
Dans la présentation du travail, ces fragments de corps masculins répondent aux mêmes fragments de son propre corps. Chacun de ces visuels étant associé à son message de textile, le masculin et le féminin se côtoient, se juxtaposent, se répondent, interrogeant ainsi le rapport homme-femme dans ce qu’il a de plus intime, de plus secret.
Le raffinement du travail de broderie, le choix des couleurs, des textures, la précision des images scannées –laissant apercevoir le grain de la peau, son moindre poil, sa moindre tache, témoignent d’une application minutieuse, qui renforce l’aspect précieux et délicat de ce qui est ici montré : l’intimité, la sensualité des corps dans le rapport amoureux.
Cependant, le fait même de déflorer cette intimité en l’exhibant ainsi en une succession de « tableaux » dans lesquels nous découvrons des morphologies masculines différentes pour un unique corps de femme, contribue à créer un certain malaise ou tout du moins un questionnement quant aux intentions de ce travail. De même le titre de l’œuvre : ÉPHÉMÈRE, contribue à semer le doute. De quoi s’agit-il vraiment ?
Sommes-nous là devant la sacralisation de l’état amoureux ?
Devant un tableau de chasse ?
Ou sommes-nous en train d’assister à une quête incessante… jamais comblée d’Amour ?
Si le corps de l’artiste apparaît de façon évidente et assumé comme tel, les partenaires évoqués dans ce travail restent eux anonymes et non identifiables. Cela donne aux images un aspect universel, et en même temps nous questionne sur le statut de la relation amoureuse. L’une peut-elle remplacer l’autre ou encore la suivante ?
Sommes-nous là dans une certaine idée de l’amour ou plutôt dans une trace autobiographique d’un vécu de Lili Bel ?
Quoiqu’il en soit, il s’agit une fois de plus dans ce projet de se confronter au temps qui passe, à la vie qui se déroule avec ses multiples expériences parfois éphémères et insaisissables. Il s’inscrit dans une suite logique des travaux précédents de l’artiste pour qui il s’agit là une fois encore, de crocheter, broder sa vie, ses bonheurs, ses souffrances, pour mieux se les approprier, comme pour les fixer, les rendre immortelles…
Florence Garnier, septembre 2005
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