« Le vaginisme est l’impossibilité pour une femme d’être pénétrée par contracture involontaire des muscles du périnée.
Faire dessiner à des femmes vaginiques la représentation de leur appareil génital c’est tenter d’évaluer leur perception de la continuité intérieur-extérieur et l’éventuelle peur d’une impossibilité de passage, d’une effraction ; c’est aussi poser une base de discussion.
L’origine de cette pathologie est psychologique.
Ces quelques dessins montrent une absence de vulve ou une vision dévalorisée de la vulve ; la prépondérance d’un organe interne (l’utérus) sans lien et même sans rapport avec l’extérieur. L’absence de vulve est aussi éclairante qu’un schéma erroné. Ces dessins sont explicites et touchants. J’en connais l’histoire, protégée par le secret médical. J’ai utilisé en broderie certains de mes propres dessins médicaux par exemple pour les monogrammes de Cicatrices et ici j’ai voulu exprimer les souffrances de ces femmes au travers de ces dessins brodés.
Le choix du fil noir est fait pour souligner la sobriété des schémas, une sorte d’ « économie » ou de « pauvreté » concernant l’imaginaire de la représentation. Placés tels des hiéroglyphes dans des cartouches, ces schémas m’évoquent des « basiques sacrés »
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Broder ces dessins dans des draps anciens, c’est inscrire profondément dans une trame historique une souffrance de femmes actuelles, au demeurant intemporelle et universelle. Ces dessins représentent des histoires uniques, individuelles mais le plus souvent relatives à des injonctions culturelles où la soumission des femmes à la domination masculine est à peu près toujours interrogée. »
extrait de l’ Entretien III avec Élisabeth Chambon commissaire et Conservateur du Patrimoine
dans « La curieuse cabine d’Édith, artiste et collectionneuse » 2022 Edition Arnaud Bizalion
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