Réside et travaille : Bruxelles Belgique
Website : en construction
E-mail : jacqueline@devreux.be
Techniques/disciplines : assemblage/collage, broderie main/machine, couture, crochet, e textiles, nouage, peinture à l’aiguille, plissage, poupees, sculpture souple/3d, tapisserie/tissage, techniques mixtes, tressage, tricot main.
Types/Thématiques : animal/animalité, art brut, art figuratif, art hors normes, grand format, moyen format, petit format, climat/écologie/environnement, corps, couleurs, cultures, dualité, enfance, erotisme, féminisme, femme, fétiche, fragilité, humour, identité, liberté, maladie/soin, masque, maternité/naissance, mémoire, mythologies/sacré, onirisme, vanités, vie/mort.
solo show
Un jour, je serai grande ?
Galerie Arielle d' Hauterives
Bruxelles
Bruxelles centre
Belgique
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Entre-soi(e)
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Bruxelles
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Freaks Totems
galerie Negen punt Negen
exposition individuelle
Roeselaere
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exposition individuelle
oeuvres récentes, peintures, sculptures, dessins
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La plus petite galerie du monde ou presque
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Tant que le louyp n'y est pas
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L' Heure Bleue
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Galerie Negen punt negen
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Galerie Christel Wagner
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Les tableaux fantômes de Bailleul
La piscine - musée des Artes et de l'inustrie -Roiubaix
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etude de peinture, gravure, dessin, sculpture tridimensionnelle, photographie
institut Saint Luc, Bruxelles
Institut supérieur Saint Luc
Bruxelles
Belgique
ÊTRES DES FRONTIÈRES, GARDIENS ET FREAK TOTEMS
par Véronique Bergen.
A côté de la peinture, du dessin et de la photographie, l’artiste Jacqueline Devreux explore la sculpture dans un geste de continuité et de rupture eu égard à ses créations antérieures. Continuité dans les motifs, les hantises, les scènes inconscientes, les figures mais rupture dans le souffle esthétique et l’agencement de l’imaginaire. J’y vois un passage au sens d’un passage initiatique, un creusement de possibles, d’un jeu de formes en trois dimensions comme pour conjurer, compenser la défaillance d’un monde qui a perdu l’une de ses dimensions.
Le peuple de figures qui nous accueille compose un théâtre de vie et de mort, un alphabet d’effigies, de poupées, de totems qui montent la garde et veillent sur nous. Les tribus que Jacqueline Devreux libère sont intimes et extimes, politiques et poétiques. Contrepoids aux concrétions futuristes des transhumains, à leur idéologie prométhéenne, à leur culte de l’artifice et des OGM, les sculptures de l’artiste matérialisent un univers animiste, des esprits incarnés, orfèvres des passages entre les mondes, danseurs de l’infini cueilli à même l’assomption de la finitude. « Boxeuse, mélomane, cantatrice », « Geisha », « Sorcier », « La justice », « La gardienne », « Marcel », « Femen and black girlsweb », « L’enfant de cœur », « Chien vache »… les acteurs et actrices de ce théâtre qui tient du vaudou, du vaudeville et de la transe pensent et pansent les humains dont ils sont des doubles, des prolongements, des miroirs.
Travaillant sur les lignes qui séparent l’organique de l’inorganique, l’animé de l’inanimé, ces figures, souvent posées ou enfoncées dans des socles, isolées ou en groupe, filiformes ou plus tassées, ont pour vertu de nous interpeller, de nous harponner, lançant leur grammaire tribale, leurs arcanes de jungle urbaine. Humour et impertinence de l’absurde, jeu sur les formes, les échelles et les signifiants (la rappeuse dotée d’une tête-rape), visage réduit à une surface brute, tête sans yeux, percée d’une bouche, corps qui, s’il n’est pas acéphale, se voit couronné par un visage objectal : Jacqueline Devreux confectionne un corps, recompose un corps, lui donne forme et âme à partir de différents matériaux, laine, tissus, papier mâché. Les fils de laine, de coton figurent les nerfs, les influx, les ondes et permettent à un être de tenir, de tenir bon, de se dresser dans l’être, de braver les tempêtes. L’expérience qui nous est donnée à vivre est celle d’un rituel encadré par les portes de la vie et de la mort, par le cérémonial joyeux de la nativité et de l’adieu funéraire. De consistance légère ou plus pesante, colorées ou momifiées dans le blanc, les sculptures chamaniques agissent comme des amulettes, des gris-gris facétieux sortis des terres de l’enfance, de la statuaire tribale africaine, du cycle du deuil et de la renaissance.
Les artistes qui, dans le champ de l’art contemporain, se sont consacrés à des sculptures de poupées ont souvent choisi ce jouet qu’ils déterritorialisent et catapultent dans l’espace de l’art afin de subvertir les normes, les tabous, d’interroger les invariants de la condition humaine. On pensera à Hans Bellmer, Lotte Pritzel, Hannah Höch, Sophie Taueber, Emmy Hennings, plus récemment à Niki de Saint-Phalle et ses nanas, Cindy Sherman, Michel Nedjar, Marianne Berenhaut, Melissa Ichiuji… En laine, en tissus récupérés, en chiffons, en papier mâché, ornées de coquillages, de plumes, les poupées de Jacqueline Devreux portent en elles une poésie des matières dans laquelle sont projetées des imagos mentales privées et collectives. Des auto-portraits côtoient les strates de souvenirs et tutoient des récits d’enfance. Grandes voyageuses, ces effigies magiques, tantôt molles, tantôt vertébrées dans le dur, remontent le temps, la boue des siècles. Sœurs des poupées rituelles, des doudous, des objets transitionnels, elles apaisent les douleurs, les peurs, lissent les traumatismes, les effrois, rappellent à nous les disparus, dialoguent avec les absents, sondent, via l’archaïque, le contemporain avec irrévérence.
Toute poupée est un fétiche. Un fétiche irradiant une charge mémorielle et émotionnelle secrète, manigançant magie blanche ou magie noire, détrônant son créateur. Mains croisées, seins protubérants, richement parées ou affichant leur nudité, sexuellement marquées ou êtres mutants, crèche de reines mages ou de madones folles, galerie de freaks, zoo des curiosités, marionnettes siamoises, petite sirène de Bruxelles lipstickée rouge flamboyant, acrobate exhibant le sexe de l’origine et de la fin du monde, visage-masque, impudeur de la nef des fous, carnaval sauvage de l’étrange, femme-tronc, Lynch au pays des marabouts, ex-votos grimaçants ou extravagants… ces figures protectrices slaloment entre les humains et les non-humains, entre l’ici-bas et l’au-delà. Être des frontières, la poupée est anthropomorphe (selon des degrés variables) et simulacre. A partir de la terre, de tissus, de rebuts, l’artiste crée un autre corps, des petits dieux, des golems qui voyagent dans un autre espace-temps. Coudre un corps, coudre ses plaies, lui insuffler une énergie vaudou, une énergie rock, c’est concourir à la genèse de doubles, coller l’oreille aux ébranlements du mythique. La bobine de Freud, son « fort-da » devient ici une bobine de fil qu’on enroule afin de générer de l’existant. Ces figures primitives, votives, originelles qui recréent l’anatomie à nouveaux frais, qui permutent la syntaxe des organes, sont des réceptacles d’affects, de pulsions, des concrétions d’inconscient. Plus qu’un intercesseur, qu’un médium catalysant la catharsis, elles catharsisent par leur présence, contrant les bouches d’ombre. Leur savoir intuitif est celui des métamorphoses, des mutations dans les valences, des conversions d’énergies noires en contre-nihilisme. En leur sillage se lèvent la question du spéculaire, le rhizome des liens entre poupée-maternité-nuit des instincts-enfance-jeu-survie. Qu’elles soient archétypales ou individualisées, les sculptures-totems de Jacqueline Devreux sont dotées d’un pouvoir d’action sur le réel, d’une puissance hypnotique. Entités multi-sensorielles, elles accompagnent les passants que nous sommes, défont la défaite, leurs bouches dentées nous soufflant des vérités qui cognent et démâtent les apparences. Au nombre de leurs missions ? Relever la ruine, offrir résidence aux lumières animales, dresser un sanctuaire de liesses excentriques, ne pas pactiser avec l’abandon de soi, de l’autre. Leurs corps de coton, de plumes hurlent qu’ils sont des matrices de forces, des espaces habités par le religieux, le politique, le cosmique : sans appartenir à « l’esthétique du care », c’est en créant un opéra d’intensités qu’ils restaurent le blessé et griffent les emblèmes de l’autorité, les petitesses de l’esprit objectif du temps. « Let’s dance. Put on your red shoes and dance de blues », David Bowie.
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